L'une des cartes les plus précises d'émissions de méthane accessible au public
Une entreprise montréalaise rend accessible au public mercredi une carte numérique dont la précision serait inégalée dans le monde, montrant les concentrations de méthane relâchées dans l'atmosphère. GHGSat espère qu'avec ces données satellitaires les sociétés pétrolières et gazières réussiront à éliminer davantage de fuites et à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Depuis janvier, de nouvelles règles fédérales – adoptées dans le cadre des engagements du Canada pour l'Accord de Paris – obligent les sociétés pétrolières et gazières au Canada à avoir un système pour contrôler les émissions de méthane.
Le gouvernement canadien veut réduire de 40 à 45 % sous les niveaux de 2012 les émissions à l’origine du réchauffement climatique provenant des secteurs pétrolier et gazier, d’ici 2025.
Cependant, selon un rapport du Pembina Institute publié cet automne, cette nouvelle réglementation ne réduirait les émissions de méthane que de 29 % d’ici 2025.
Ces nouvelles règles ont poussé plusieurs entreprises canadiennes, dont GHGSat, à concevoir des outils pour mieux mesurer les émissions de méthane.
La carte, appelée Pulse (Nouvelle fenêtre) , utilise des données provenant de satellites lancés dans l'espace par GHGSat.
Le Canada s’est engagé à réduire les émissions de méthane. On s’était engagé dans ce contexte à fournir cette carte dans le cadre de la COP26. Je veux, avec cette carte, contribuer au débat entourant ce gaz qui est fort problématique. Ce débat est beaucoup plus complexe, nuancé et discuté en Europe qu’ici au Canada et en Amérique du Nord, affirme Stéphane Germain, président de GHGSat.
Jusqu’à présent, les cartes utilisées par les scientifiques étaient mises à jour une fois par année ou tous les deux ans. De plus, leur résolution était beaucoup plus faible – souvent des quadrillages de plusieurs dizaines de kilomètres.
Le problème, c’est la façon dont le gouvernement du Canada mesure les émissions de méthane, dit Dale Marshall, du groupe Environmental Defence Canada. Presque toutes les publications scientifiques depuis cinq ans montrent que les émissions de méthane sont plus élevées que ce que disent les gouvernements et les industries. C’est vraiment problématique pour le gouvernement canadien s’il veut être un leader dans la lutte contre les changements climatiques.
Cette nouvelle carte, accessible au public, montre les moyennes mensuelles des concentrations de méthane, mises à jour chaque semaine sur un quadrillage terrestre moyen de deux kilomètres carrés. Il est possible d’y explorer les changements des niveaux de gaz depuis les six derniers mois.
Nous voulons que les industries qui se trouvent dans une zone de concentration élevée puissent répondre à la question : est-ce nous qui contribuons aux émissions? dit M. Germain.